Ces maux ou modifications physique ou psychologique de la grossesse peuvent être abordés sous un regard psychomoteur, car ce sont des maux qui s’expriment dans le corps, mais qui ont une origine psychique ou physique.
L’ensemble des bouleversements physiologiques entraînent des symptômes exprimés par le corps lors du premier trimestre majoritairement. Les nausées, l’hypersalivation, les troubles du transit et de la digestion, les jambes lourdes, etc. sont des symptômes qui «participent à l’édification de la représentation d’être enceinte» (Spiess, 2002, p47). Cependant, de nombreuses femmes vivent ces symptômes comme une inquiétude d’un corps qui dysfonctionne, mais aussi comme une intrusion et une «menace de l’intégrité corporelle» (ibid.). Ainsi l’ensemble de ces troubles sont les symptômes d’un remaniement psychique et physique difficile qui s’exprime dans un malaise corporel.
La grossesse c’est avant toute chose neuf mois de changements physiques rapides et très importants. Le ventre s’arrondit au fil des mois, les seins grossissent et de manière générale l’ensemble du corps gonfle. La prise de poids entraîne une modification de l’allure et de la posture du corps. Le centre de gravité est projeté en avant et le polygone de sustentation s’élargit. Ainsi, l’équilibre est modifié. Le tronc compense en se penchant vers l’arrière. Les déséquilibres sont ainsi plus fréquents et plus importants en corrélation avec l’augmentation du périmètre ventral. (Sarthou, 2009, p5) Ces modifications entraînent une perturbation de l’axe du corps et le contrôle postural est moins efficient.
Le tonus se voit modifier entraînant le plus souvent une hypertonie à l’origine de nombreuses douleurs musculaires.
Le rythme temporel est modifié. Les cycles de sommeil et de l’alimentation sont perturbés. Le temps est comme suspendu, car l’accouchement crée un terme qui fixe l’ensemble des desseins du présent et de l’avenir. (Musitelli, 2013, p18). L’espace environnant est désinvesti à l’approche de l’accouchement. La difficulté à se mouvoir est très intense à l’approche du terme, la femme se centre sur son corps et «connaît un moment de désorientation et de brouillages des limites» (Spiess, 2002, p49). Le corps se modifiant rapidement, le schéma corporel se modifie et la femme enceinte doit l’intégrer en s’appuyant sur ses nouvelles perceptions sensorielles, cénesthésiques, kinesthésiques et proprioceptives. (Musitelli, 2013, p17).
L’image du corps est donc particulièrement mise à mal pendant la grossesse. Il y a une «brisure de l’image corporelle» (Spiess, 2002, p45). La régulation du tonus musculaire et des émotions, le vécu plus ou moins intense des remaniements psychiques, le sentiment de contenance corporelle, l’efficience physique ainsi que le regard que porte autrui, celui d’elle-même et le vécu général de grossesse détermine la façon dont la femme élaborera cette image du corps transitoire.
Ainsi, l'investissement de la femme enceinte dans une activité corporelle adaptée à la grossesse : séance aquatique prénatale, yoga prénatale, relaxation ou encore des massages permettront à la femme de venir soulager les maux de sa grossesse et d'investir au mieux son corps et donc d'être dans une pleine disponibilité psycho-corporelle pour l'accueil de l'enfant à venir.
Hélène Fouquet, 12/02/2019
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